Le 5 novembre à Soulac, (conseil public de la CDC de la Pointe du Médoc), ni le Verdon (Jacques Bidalun), ni Vendays-Montalivet (Michel BiIbey) n’étaient présents ni représentés à la tribune. .. Le maire du Verdon était excusé comme retenu à une réunion, nous a-t-on dit, avec…le Grand Port de Bordeaux.
La réunion du 5 novembre a donc pu décevoir, même si appel a été lancé par les élus à toutes suggestions concrètes de développement économique durable de la part du public (à transmettre à la CDC et à son Président, Xavier Pintat) - dans la mesure où seules les grandes orientations du PADD ont été rappelées, sans plus de précisions ni de garanties que lors des conseils précédents. On n’a donc guère le sentiment d’avoir avancé, sauf qu’on a évoqué en plus l’implantation d’un « pôle de formation » au Verdon et qu’on a fait appel aux « suggestions ».
Dans le rapport de la réunion du 23 juillet 2009 de la CDC à St Vivien de Médoc, en effet, on peut déjà lire :
« le conseil communautaire s’attachera à la réalisation des équipements de nature à assurer :
- La confortation et la pérennisation de l’activité de terminal conteneurs avec la poursuite de la modernisation de la ligne ferroviaire desservant la zone industrialo-portuaire* par la création d’un embranchement spécifique,
- La réception des navires de croisière dans des conditions optimales avec la réalisation d’un espace d’accueil ou gare maritime pour les passagers,
- L’implantation de toute activité économique compatible avec la préservation d’un site exceptionnel, comme indiqué dans le « plan d’action stratégique de l’Etat ».
Franck Laporte, maire de Grayan, y avait rappelé ce même jour de juillet que les élus de la Communauté de Communes se sont prononcés à l’unanimité, en faveur d’un développement raisonné lors de l’approbation du projet de PADD du SCOT. Les élus souhaitent, rappelait-il, un développement de la zone industrialo-portuaire* dans un cadre compatible avec la préservation de la qualité environnementale de l’Estuaire. Ce développement passe notamment, déclarait-il déjà, par l’accroissement de l’activité logistique :
- d’une part, la réalisation du branchement ferroviaire dédié à l’activité conteneurs
- d’autre part, les activités de croisières en réfléchissant à l’esquisse d’une gare maritime.
F. Laporte avait également indiqué ce jour-là à l’auditoire que les industries propres constituent un autre gisement de développement (énergies renouvelables, éoliennes, véhicules électriques).
Rappelons-le, le « Projet d’action stratégique de l’Etat dans le département de la Gironde pour la période 2005-2007 » disposait que « l’estuaire de la Gironde étant l’un des mieux préservés d’Europe, les activités du port sont intégrées dans une démarche de préservation du milieu naturel, ce qui engendre des contraintes », intégration que l’on verrait mal aujourd’hui démentie au lendemain du Grenelle de l’environnement, du Grenelle de la mer et du prochain somment de Copenhague sur le climat…
Attention toutefois au 9 novembre, jour où le Président de la CUB doit rencontrer D. BUSSEREAU. Vincent Feltesse, je cite le communiqué de presse de la CUB, « ne manquera pas d’interpeller D. Bussereau sur la cohérence de l’action de l’Etat, qui vient de bafouer (sic) les règles de gouvernance de la récente réforme portuaire qu’il a lui-même instituées, après son refus de renouvellement de la convention avec la société néerlandaise 4Gas, pour l’aménagement d’un terminal méthanier au Verdon. » Balayant les enjeux environnementaux de ce dossier, ainsi que le solde négatif des emplois pour le Médoc dans ce scénario, le président de la CUB met en avant comme argument « un investissement privé de 750 M€ et la perspective d’un trafic supplémentaire de 2 millions de tonnes pour le port de Bordeaux ». Vincent Feltesse plaidera par ailleurs « pour l’élaboration d’un grand projet industriel à la mesure des défis du port de Bordeaux, qui pourrait associer l’Etat, le Conseil Régional d’Aquitaine, le Conseil Général de la Gironde, la Communauté urbaine de Bordeaux et les principales municipalités concernées. « Un partenariat qui se doit d’être exemplaire et constitue un beau sujet de contractualisation croisé » aux yeux du président de la CUB, dixit le même communiqué de presse.
La députée Pascale GOT, non sans risque très grave pour le Médoc, prône elle aussi, dans le bulletin qu’elle distribue largement en ce moment rive gauche de l’estuaire, « la création d’un Comité de pilotage (du port du Verdon) regroupant la Région, le Département, la CUB et le grand port maritime de Bordeaux » où n’apparaît même pas la communauté de communes de la pointe du Médoc, pas plus que la rive droite de l’estuaire ! Elus et administrés, habitants et résidents des territoires concernés apprécieront…
Rappelons aussi que la position publique des cadres du Syndicat des cadres du Grand Port de Bordeaux se veut inquiétante pour le développement durable, comme on peut le lire sur Aquitaine Infos :
« si le maire de Bordeaux a déclaré irrité que «la messe était dite», le Syndicat Indépendant des Cadres du Port de Bordeaux considère, pour sa part qu’il faut maintenant assister aux vêpres. "
De son côté, Vincent Feltesse, Président (PS) de la Communauté urbaine de Bordeaux a affirmé vouloir «relancer l’instruction officielle de ce dossier afin qu’elle puisse être menée à son terme». Il s’est dit «très étonné» que l’on puisse interrompre de la sorte l’instruction «d’un projet qui représente un vrai intérêt stratégique pour le port de Bordeaux».
Après avoir «rendu hommage à la qualité des équipes du port» tout en assurant qu'il fallait réfléchir et «déboucher très rapidement sur une démarche de prospection opérationnelle auprès des investisseurs», M. Bussereau, précisant que «Bordeaux aurait dû penser à réaliser des études pour développer le Verdon... », persiste quant à lui dans la position assumée par l’Etat et précise fort justement que «Bordeaux port est fragilisé par sa situation en fond d'estuaire et que le terminal méthanier n'était pas un projet portuaire, mais un projet industriel Seveso 2 qui n'avait pas sa place dans un grand port maritime, sur un estuaire classé». Il serait bon de tenir enfin compte de ces réalités incontournables pour développer, notamment, le feedering ou les escales de croisières, à partir, précisément, de l’avant-port du Verdon.
Citons la déclaration des cadres en réponse :
« Le Syndicat Indépendant des Cadres du Port de Bordeaux ne parvient pas à comprendre cette notion «d'estuaire classé» (??) qui reste à définir. » (sic)
Pendant ce temps, (car on n’est pas à une contradiction près, tantôt les mêmes contestent la réforme portuaire de 2008, tantôt ils s’en réclament ) une grève bloquait, vendredi 6 novembre, une bonne partie des activités du Grand Port de Bordeaux. Au coeur du malaise, le transfert de certaines activités de manutention à des opérateurs privés, dans le cadre de la réforme portuaire. Pour le syndicat majoritaire des ports et docks, cette réforme n'est pas conforme aux objectifs affichés en termes d'emplois et de développement.
Derrière les déclarations fracassantes et « généreuses », la destruction du travail, la substitution au travail, dans sa réalité et sa dimension humaines, des profits et des revenus financiers de quelques-uns, souvent, en outre, complètement illusoires, comme la crise financière l’a montré récemment, commencerait-elle à apparaître enfin clairement ?
« Exemplaire », vous aviez dit « exemplaire » ?...
Et si on essayait de dépasser les défenses égoïstes et corporatistes qui, en nous divisant, nous affaiblissent, pour construire une autre vision du développement durable qui doit fournir des emplois mais des vrais, avec des conditions de vie de qualité et des perspectives pour nos enfants, donc pour notre (unique) planète ? C'est MAURIAC qui écrivait :"il ne sert à rien à l'Homme de gagner la Lune s'il en vient à perdre la terre." Plus que jamais il reste nécessaire de se mobiliser, de partager, de réagir, d'informer, d'exercer ses devoirs de citoyen...