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1 mai 2010 6 01 /05 /mai /2010 09:10

Inauguration du Quai des Vins à Port-Médoc, au Verdon-sur-mer

Hier soir, j’ai assisté à l’inauguration de cette grande fête de la voile et du vin, sur le port de plaisance du Verdon-sur-mer, en présence du maire du Verdon, M. Bidalun, du sénateur-maire de Soulac, Xavier Pintat, de la députée PS Pascale Got, du directeur de Port-Médoc et du sous-préfet, entre autres personnalités remarquables. Xavier Pintat a souligné notamment la qualité éco-responsable et économique des installations du port de plaisance, puisque la tempête Xynthia n’a entraîné aucun dégât sur les bateaux ou sur les infrastructures : c’est bien un indice fort de leur bonne conception et de leur bonne installation. Pascale Got a, elle aussi, rendu hommage au dynamisme de la Pointe du Médoc et au souci de l’homme qui préside à une certaine conception du développement économique, en harmonie avec la qualité de vie et la nature, si généreuse dans notre région.

La fête, qui est aussi un avant-goût de Soulac 1900, début juin prochain, puisqu’on est accueilli par beaucoup de personnes en costumes 1900 et par le stand Label Soulac, mérite plus qu’un détour ! Elle se poursuit tout le week-end, jusqu’à dimanche soir. Venez nombreux, afin qu’une nouvelle édition puisse être réalisée en 2011 !

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1 mai 2010 6 01 /05 /mai /2010 08:51

PGot-inauguration-Quai-des-Vins-Port-Medoc2010.jpgXPintat-senateurmaireSoulac.jpg

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1 mai 2010 6 01 /05 /mai /2010 07:09

La Journée Mondiale « Save the Frogs », Sauver les grenouilles, à l’initiative d’une ONG du même nom et décidée par la communauté scientifique a été fixée au 30 avril. C’était donc hier, même si les médias ne s’en sont guère faits les échos pendant l’événement. Merci donc au journal Le Monde d'avoir essayé d'attirer l'attention sur cette cause, bien plus importante qu'elle ne peut sembler à première vue. Malheureusement, en pages intérieures, le journal juxtapose les éléments les plus contradictoires : le pétrole dans le golfe du Mexique, le plaidoyer en faveur des pesticides (sic) et la menace de disparition des grenouilles. Le choc des articles sur la même page 4 est tel que, sans doute, le journal espère que le lecteur pourra y réfléchir : espérons-le aussi !Toujours à la Une, on voit une photo couleur en gros plan d’un couple de grenouilles taureaux, tenues à bout de bras par un naturaliste et, du coup, prenant une pose quasiment anthropomorphe : jambes allongées, doigts écartés comme des mains… L’effet est troublant et, tout d’un coup, ces petits amphibiens « qui figurent parmi les animaux les plus fragilisés par l’érosion de la biodiversité » peuvent nous apparaître plus proches et moins dérisoires. On se souvient, en effet, que le  Pélobate cultripède et le  Pélodyte ponctué, qui sont des espèces inscrites sur la liste rouge des espèces en danger, sont présents sur la Pointe du Médoc ; on peut en apprendre plus auprès de la SEPANSO  (www.sepanso.org ) et auprès de CURUMA (www.curuma.org ) ; comme bien d’autres espèces, ces amphibiens se trouvaient en danger de mort dans le contexte d’un projet industriel Seveso tel qu’un terminal méthanier et cet argument, nous l’avons utilisé, parmi les autres, dans notre combat, comme le prouve par exemple le texte des deux pétitions portées au Parlement européen en mars 2009 par un petit groupe de particuliers  – or, il faisait le plus souvent sourire avec mépris et commisération ! On n’a pas oublié le rire d’une salle entière, à Bordeaux, au TNBA, devant Michel SERRES, l’an dernier, quand quelqu’un a évoqué, du reste avec humour, le sort du Crapaud Pélobate menacé par de puissants intérêts industriels…

Mais aujourd’hui, les côtes et les bayous touchés inexorablement par la marée noire de Floride et de Louisiane, nous conduisent, comme l'article du Monde, à y repenser beaucoup plus sérieusement, car en même temps que cette faune très discrète, "indicateur fiable de la santé de la biosphère", c’est bien le milieu et l’emploi qui sont très gravement atteints. La boucle est bouclée, l’actualité, quelle que soit l’entrée choisie, nous ramène toujours à ce qui nous paraît essentiel : seul le sens de l’humain vient donner sens à l’action de l’homme sur la nature.

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1 mai 2010 6 01 /05 /mai /2010 06:33

Au JORF du 24 avril 2010, reçu au courrier d’hier, est parue la publication officielle de la création, le 19 mars dernier, à la Préfecture de Bordeaux, de l’association loi 1901 AGORA SOULAC ENERGIE, qui se donne pour objet, bien au-delà du contexte local, mais en s'ancrant dans l'environnement de l'estuaire aquitain, les contenus suivants :

« Agora Soulac Energie a pour objet de favoriser l'information, le débat et la réflexion sur l'environnement et l'emploi dans le cadre du développement durable ; elle accueille tous ceux qui veulent découvrir, partager ou approfondir l'information et la réflexion sur les questions du "développement durable" ; elle anime un blog ou un site internet, organise des conférences, des rencontres, des festivals sur la "pensée écologique" et encourage la diffusion des connaissances sur l'éco-citoyenneté et des comportements éco-citoyens ; elle oeuvre à contribuer à la préservation de l'environnement et au développement d'activités humaines compatibles à long terme avec celui-ci ; elle fait connaître et encourage les innovations scientifiques et technologiques en faveur du bien-être et du bien vivre ensemble, dans le respect de la nature ; elle entend rapprocher les disciplines, scientifiques, techniques, philosophiques, etc. sur cette question humaniste. »

Si vous voulez soutenir l’association, y adhérer, y participer, vous pouvez adresser un message à :

agorasoulac@gmail.com

L’assemblée générale de l’association est prévue dans les semaines qui viennent, avant la fin mai (le vendredi 21 à 19h ou le samedi 22 à 10h) à la Mairie de Soulac, où une salle a été demandée ; une confirmation sera prochainement publiée sur le blog ; venez nombreux et si toutefois vous êtes empêché(e), pensez à envoyer un message écrit de procuration ! A l’ordre du jour, avec décisions mises au vote : le règlement intérieur (conditions d’adhésion, montant des cotisations, etc.), le programme du premier Festival du développement durable des 3, 4 et 5 septembre 2010 à Soulac, les partenariats, questions diverses…

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29 avril 2010 4 29 /04 /avril /2010 14:11

Homais est toujours parmi nous, et « cloné » à d’innombrables exemplaires... ! Vous savez, dans Madame Bovary, de Flaubert, ce pharmacien « je sais tout », docte par religion (le scientisme dans toute la splendeur du XIXe siècle capitaliste, industriel et bourgeois européocentriste triomphant), anticlérical par principe, qui confond gros bon sens ancré dans les « lieux communs » et bêtise d’ « épicier », comme disait Flaubert…

Un pharmacien-droguiste, qui n’a que le mot « progrès » à la bouche, avec « République », personnage au départ plutôt sympathique, mais qui devient de plus en plus odieux à mesure que ses opinions, en phase avec son intérêt commercial immédiat, affichées en certitudes scientifiques, se révèlent légères, puis conservatrices, ensuite irresponsables, puis moralement attaquables, pour ne pas dire criminelles jusqu'à la mort d'Emma.

C’est la réflexion qu’on peut se faire, entre mille autres, en parcourant le dernier livre, très stimulant, de Corinne LEPAGE et de Jean-François BOUVET, Sans le nucléaire on s’éclairerait à la bougie et autres tartes à la crème du discours techno-scientifique.

Car il s’agit bien d’un « néo-scientisme » , des  plus répandus en 2010, avec son paysage incroyablement tranquille dans ses contradictions, de pensée magique (la frontière entre champs OGM et non OGM, comme celle du nuage de Tchernobyl ou du volcan islandais, sans doute), d’idées reçues et de lieux communs encouragés par de puissants intérêts commerciaux et industriels très conservateurs par rapport à un véritable idéal de progrès, plutôt que de « discours techno-scientifique » proprement dit.

En effet, quand on s’obstine à vouloir croire que « les semences OGM augmentent les rendements agricoles et permettront de vaincre la faim dans le monde », alors qu’ils ont déjà causé des centaines de suicides de paysans en Inde parce qu’ils ne tiennent pas leurs promesses, coûtent plus cher qu’ils ne rapportent et finalement confisquent le vivant – c’est qu’il y a non seulement un problème d’informations, mais aussi de raisonnement et de réflexion, ou de confiance peut-être en sa propre Raison.

Quand on persiste à dire que « sans le nucléaire, on s’éclairerait à la bougie », alors qu’on sait par ailleurs de manière scientifiquement établie qu’au bilan mondial, l’électricité produite par le nucléaire ne représentait en 2001 que 2,3% des consommations mondiales d’énergie et que la contribution des énergies renouvelables à l’approvisionnement de la planète est d’ores et déjà bien plus élevée – c’est qu'il y a… etc.

 Osons penser par nous-mêmes, demandaient déjà Descartes et Kant (Sapere aude !) ! Ne doutons pas des capacités de l’esprit à comprendre et à connaître le réel, autrement dit de l’esprit scientifique et expérimental, le véritable, sans cesse ouvert sur le monde et sur les autres, là où science et humanisme n’ont jamais cessé de se rejoindre et de faire sens.

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17 avril 2010 6 17 /04 /avril /2010 20:47

L’environnement et la Pointe du Médoc à l’honneur à la Fête du Livre 2010 de Soulac

Revoir Sully, qui avait dessiné l’affiche pour la conférence du 8 juillet 2009 (voir les archives du blog !) – et qui vient de sortir un nouvel album, disponible aujourd’hui et demain au Palais des Congrès de Soulac, dans le cadre de la 9e Fête du Livre organisée par l’association Ecume.doc,

Echanger sur les dérives du monde contemporain telles qu’un auteur les voit dans ses dessins, en prophétisant dans Etrange les métamorphoses monstrueuses et cauchemardesques auxquelles cela nous expose,

Admirer le nombre de parutions sur l’écologie exposés ici et là au fil des stands, d’Hubert REEVES à Jacques ELLUL,

Feuilleter librement les albums d’images sur la région, les romans d’Eric HOLDER, tout apprendre sur l’auto-édition et l’importance de faire tout de même appel, non seulement à un imprimeur et à un graphiste mais aussi à un correcteur professionnel,

Ecouter une jeune éditrice chinoise, Xu Ge Fei et voir l’exposition sur la BD franco-chinoise,

Découvrir les ouvrages autobiographiques (l’aventure du sosie de Claude François qui a tourné dans Podium !) ou historiques, en particulier sur la région, souvent en lien avec la Résistance et la Libération du Nord-Médoc,

Et tant d’autres rencontres rares : tout cela attend le visiteur au hasard des stands de la Fête du Livre, ouverte depuis ce matin, et jusqu’à demain soir…

L’inauguration de la Fête a permis à la députée Pascale GOT de redire sa confiance et son espoir dans ces manifestations de la convivialité, de l’intelligence et de l’action.

Vite, rendez-vous à Soulac demain toute la journée, au Palais des Congrès : les petits se font raconter des histoires, un concours de dessins sera récompensé demain soir, d’autres conférences sont prévues demain, sur l’histoire du quartier de Bacalan à Bordeaux, avec les éditions Pleine Page, on accueillera ausssi le traducteur de Lettre à un ami, de Carlos RUIZ GARCIA…

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28 mars 2010 7 28 /03 /mars /2010 15:07

Christian GODIN, philosophe et maître de conférences à l’Université de Clermont-Ferrand, est venu à Soulac l’été dernier (voir sa contribution au blog) et interviendra lors du prochain Festival du Développement Durable, à Soulac, du 3 au 5 septembre 2010. Il est connu du grand public pour le best-seller La Philosophie pour les nuls (First, 2e édition 2007) mais il est en réalité l’auteur d’une trentaine d’ouvrages, dont une somme philosophique (La Totalité, 7 volumes, Champ Vallon, 1997-2003).

J’ai demandé à Jean-Pierre GUICHARD, professeur de philosophie à Bordeaux, de nous dire ce qu’il pensait de ce nouvel ouvrage.

 

« Le regard critique que Christian GODIN porte sur la société contemporaine se construit à partir d’une triple grille d’analyse : celle qui s’appuie sur les recherches psychanalytiques ayant permis de mettre au jour les mécanismes des névroses, psychoses et perversions ; celle permise par ce que l’auteur appelle des « coupes » de l’existence, coupes au sens où l’on ouvre un corps pour savoir de quoi il est constitué ; ces coupes, ou catégories de l’existence, sont au nombre de sept : être, agir, pouvoir, voir, avoir, savoir, dire ; enfin, celle qui lui est bien connue, puisqu’il lui a consacré sa thèse, à savoir : la totalité. C’est cette dernière qui donne à l’essai son style propre. Ce qui caractérise l’homme d’aujourd’hui, c’est qu’il veut tout : tout être, tout faire, tout pouvoir, tout voir, tout savoir, tout dire…

La conclusion de GODIN est sans appel : en lieu et place de la totalité, l’homme ne se comportant plus, durant toute sa vie, que comme un adolescent attardé, ne recueille plus que des bribes. C’est que la totalité est malmenée, « tantôt niée, c’est le cas avec l’hystérie, la psychose schizophrénique et la perversion, tantôt pathologiquement exaltée, c’est la cas de la névrose obsessionnelle et de la psychose paranoïaque » (p.11). Non seulement la toute-puissance, dont la mythologie est bien cet idéal-type caractérisant notre société, est illusoire, mais surtout l’affairement des hommes se retourne contre eux. Ce qui en vérité est à l’œuvre, c’est bien le déni de la réalité, ou bien des contradictions incessantes.

En s’appuyant sur la psychanalyse, GODIN diagnostique notre société comme malade, car fondamentalement déterminée par la pulsion de mort. « Secrètement, ce désir de toute-puissance, qui fait de l’homme son autocréateur, est un désir d’en finir, donc, sous couvert de puissance, c’est un désir de mort » (p.85). En témoignent les problèmes environnementaux, qui n’ont pas d’autres causes que l’absence de limites des puissances de l’argent alliées à celles de la technique. « Contradictoirement, le désir de puissance totale aboutit à une impuissance manifeste : comme un oiseau fasciné par le serpent, l’humanité regarde s’avancer vers elle la catastrophe imminente. » (p.84)  Le pouvoir de la technique, ce n’est pas seulement la négation de certaines valeurs, mais la négation de toutes les valeurs, et de la première d’entre elles, la vie. C’est proprement ce qu’il faut entendre par nihilisme. Les lumières de la ville sont des lumières sombres (Adorno) et nos écrans sont saturés d’images pornographiques qui, cherchant à tout montrer, ne donnent à voir que des corps morcelés.

Le « pain » qui nous nourrit, c’est ce qui fait sens ; et GODIN constate, avec une amertume que nous avons partagée, que de ce qui fait sens, nous n’avons plus que des « miettes ». Ces miettes ne sont pas constituées d’autre chose que ce qui reste de pensée critique. Des miettes, la métaphore est particulièrement saisissante. Ce n’est pas rien, mais c’est insuffisant pour vivre.

La pensée ne saurait se nourrir exclusivement de ce qui la nie. Par où nous retrouvons une des intuitions fondamentales du spinozisme : toute pensée du mal est une « pensée inadéquate ». La réalité qu’analyse GODIN est âpre et étouffante ; la lucidité est à ce prix. C’est justement tout le mérite de ce travail : on ne cherchera pas à se soigner si on ne se sait pas malade. GODIN s’inscrit dans une tradition philosophique qui va de SPENGLER, avec son Déclin de l’Occident à HENRY, avec son ouvrage La Barbarie, en passant par HUSSERL et sa Krisis. L’intérêt est d’actualiser cette vision d’une civilisation sur son déclin en raison même, et c’est là tout le paradoxe, d’une puissance telle qu’elle ne fait qu’un avec la totalité. »

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14 mars 2010 7 14 /03 /mars /2010 12:25

II – Politique publique et opportunité

Avant toute politique publique, il est nécessaire de commencer par reconnaître que l’émission de gaz à effet de serre (GES) constitue une « externalité négative » et une « défaillance du marché », qu’il faut donc corriger. En effet, en l’absence de politique publique, les émetteurs de GES ne paient pas le prix des dommages, puisque les prix des marchés « envoient un mauvais signal » ; et c’est la plus grande « défaillance du marché que le monde ait jamais connue, puisqu’elle concerne tous les hommes » : il faut donc que les politiques publiques viennent la corriger en mettant un prix sur les émissions de GES.

L’aspect positif du problème, c’est que la technologie sera la clé d’un futur sobre en CO2. Plus largement, les idées sont un « signal positif ».

Comment peuvent agir les politiques publiques ? Elles doivent :

-         directement soutenir la recherche sur le climat, inciter à l’innovation technologique dans ce domaine,

-         encourager l’usage sobre de l’énergie

-         et financer le tout en taxant les émissions de GES.

Prenons l’exemple du logement : il n’y a pas assez d’incitation dans ce domaine, en raison des défaillances du marché et en l’absence de politiques publiques suffisantes ; on continue à voir construire des logements neufs par des promoteurs qui ne tiennent aucun compte de nouvelles normes parce que leur profit serait moindre et leurs coûts de construction augmentés. C’est la même chose dans le domaine des transports. Or la conduite en état alcoolisé a bien été jugulée par les politiques publiques, en associant d’une part des sanctions (volet « négatif ») et d’autre part le développement du sens de la responsabilité intériorisée par le public. A cet égard, il faut se reporter à Stuart Mill au milieu du XIXe siècle, pour la conception de la « responsabilité publique ».

Il  faut mettre en place des incitations, déclencher un processus dynamique de changement radical : en effet, tout montre que les périodes de grande croissance ont été impulsées par des politiques publiques encourageant les changements par les investissements publics dans la recherche, la technologie et l’innovation.

Ainsi, les techniques d’isolation se transforment rapidement, à partir de technologies, comme celles de l’aérospatial aboutissant à de nouveaux matériaux qu’on peut appliquer au domaine du logement. C’est la même chose dans l’agriculture, où l’on voit apparaître de jour en jour de nouveaux équipements innovants.

La croissance sobre en CO2 est la croissance du futur, c’est l’action publique nationale et internationale, si elle est suffisamment déterminée, qui peut convaincre entreprises et marchés.

On sait qu’il y a une « externalité positive » dans les arbres en croissance, qui absorbent le CO2 et jouent un rôle positif indispensable dans le cycle du carbone sur la planète : il faut donc les protéger et décourager la déforestation, tout en incitant à la reforestation ; or, actuellement, les politiques multiformes (lois, prix…) sont insuffisantes, contradictoires et inefficaces.

La « modélisation climatique » actuelle a bien progressé au global, mais reste encore difficile au local, car très complexe. Les informations restent rares dans les zones pourtant les plus sensibles (Himalaya, pour la question de l’eau, Afrique, avec près d’un milliard d’habitants, Amazone, pour la question de la forêt…). Une bonne anticipation par une meilleure modélisation au local, reste à construire par la recherche, qu’il faut donc soutenir et encourager.

Il y aura environ 9 milliards d’habitants en 2050 sur la planète, c’est la dimension démographique du problème : les objectifs de développement – baisse de la mortalité, éducation, santé, égalité des sexes, etc. – se combinent avec l’objectif de préservation de l’environnement. En fait, les risques sont mesurés aujourd’hui comme plus importants qu’ils ne l’étaient il y a 4 ans à l’époque du Rapport Stern. Les capacités d’absorption par la planète du CO2 émis se sont avérées plus faibles que prévu et il faut donc aujourd’hui raisonnablement viser 450-500 ppm maximum, plutôt que le chiffre de 550 ppm par personne et par an donné dans le Rapport Stern. De ce fait, les coûts qui en résultent pour respecter cet objectif paraissent aujourd’hui plus élevés (+ 1 ou 2 points de PIB par an que prévu) mais ils pourraient bien diminuer avec l’évolution du coût de l’énergie ces prochaines années, et aussi avec les progrès technologiques. De plus, les coûts du changement climatique et de ses conséquences sur les économies sont bien supérieurs au coût de la « sobriété ». Dans ces conditions, les coûts de l’action sont de toute façon bien moindres que ceux de l’inaction. De plus, les coûts de l’action maintenant sont également bien moindres que ceux d’une action plus tardive. Il s’agit ici de calculs économiques, sans parler des coûts d’une autre ordre : sociaux, politiques, diplomatiques et humains, au service desquels l’économie par définition devrait pourtant elle-même toujours se placer…

III - Copenhague décembre 2009

On sait à quel point cette conférence mondiale de Copenhague sur le climat a été décevante. A quoi devrait ressemble un bon accord ? Un accord mondial réussi devrait être :

1 - efficace (c’est-à-dire ample et suffisant)

2 – efficient (c’est-à-dire limitant les coûts)

3 – équitable (c’est-à-dire notamment tenant compte des inégalités entre les pays)

Il devrait aboutir à un scénario partagé de limitation des émissions de GES cohérent avec l’objectif des +2°C maximum, c’est-à-dire avec le chiffre de 44 milliards de tonnes de CO2 maximum d’ici 2020, avec un « pic » devant être atteint mondialement avant cette date, puis un chiffre pour 2030 inférieur à 35 milliards de tonnes, pour finir sur un chiffre inférieur à 20 milliards de tonnes en 2050. Cela signifie pour les pays riches une diminution de -80% en 2050 par rapport à 1990 si l’on veut atteindre l’objectif de 2t par personne, avec des étapes intermédiaires solidement établies.

Des plans compatibles pour chaque pays en développement avec les objectifs 2010 et 2050 doivent également viser les 2t/personne.

Le système des « permis d’émission » ou « droits d’émissions » doit être réformé, élargi à tous les pays et généralisé dans l’échange. Cela pose un problème d’équité majeur pour les pays en développement, car ces permis constituent de très importants actifs financiers.

Sur la déforestation, une campagne dans le cadre d’un accord mondial devrait absolument la réduire de moitié d’ici 5 à 10 ans.

Le problème technologique devrait lui aussi être traité mondialement, avec une coordination des normes, un partage des technologies, un accroissement des investissements dans la recherche publique, une étude des risques et des énergies alternatives…

Sur le problème de l’adaptation aux changements climatiques, selon les calculs du PNUD, il faut consacrer 100 milliards de dollars en plus par an pour atteindre les objectifs de développement.

Voilà quelle doit être la « feuille de route » - à comparer avec les résultats de la Conférence de Copenhague… Ce « COP15 » a tout de même réuni plus de 100 chefs d’Etat les derniers jours (sur 192 pays participants qui doivent prendre leurs décisions à l’unanimité…). 5 grands pays ont signé un accord : l’Afrique du Sud, les USA, l’Inde, le Brésil et la Chine, accord « soutenu » par l’Union Européenne et de nombreux pays. Cet accord ne comporte que 12 articles, parmi lesquels l’objectif de +2°C maximum, avec un « pic » d’émissions aussi vite que possible, des engagements contraignants.

Des « plans d’atténuation » pour les pays en développement pouvaient être présentés pour le 31 janvier 2010 et effectivement, de nombreux plans ont bien été soumis.

On a vu également l’engagement à gérer un « fonds climatique vert » de plus de Si le résultat de 100 milliards de dollars par an d’ici 2020, par un groupe de Copenhague.

Certains pays-clés, comme les USA, la Chine (travaillant ensemble pour la première fois) ont présenté pour la première fois des plans, des objectifs et des politiques de réduction des émissions de GES.

Copenhague est décevant, il aurait pu être « bien pire » et il fournit une base sur laquelle s’appuyer, grâce aux fondements scientifiques solidement établis, qui a commencé à se construire concrètement, avec la mise en place d’une coopération internationale, et qui s’achèvera au COP16 à Mexico fin 2010. Il est maintenant que le risque élevé entraîne une réflexion politique commune sur la gestion de ces dangers.

Mais il existe un grand sentiment d’injustice, qui est une réalité politique, dans le monde en développement. Les pays riches sont responsables de plus de 60% des émissions et ce sont les pays pauvres qui seront (sont déjà) les plus affectés par les changements climatiques : il faut donc une aide des riches vers les pauvres ; l’exemplarité de pays sobres en carbone, déjà donnée par la Corée du Sud, certains pays scandinaves, le Costa-Rica ou le Guyana, devrait venir aussi des pays riches ! Ce n’est pas qu’une « bataille intellectuelle », mais un enjeu de « community », avec le besoin de la plus vaste coopération que le monde ait jamais connue : de nouvelles institutions sont aujourd’hui nécessaires. Si un nouveau Bretton Woods (juillet 1944) avait lieu, des hommes comme Harry Dexter White proposeraient d’autres institutions que celles créées pour le commerce, comme la Banque Mondiale : il faut aujourd’hui une organisation mondiale pour l’environnement.

Les intellectuels, universitaires, conseillers, enseignants, doivent penser l’avenir et anticiper, non pas attendre la catastrophe, comme on a attendu que se produisent au XXe siècle la crise de 29 ou les deux guerres mondiales, qui ont conduit à Bretton Woods… Il n’y a qu’une seule planète habitable, sans aucune alternative humaine à l’échelle mondiale. La discussion raisonnée, impliquant toutes les disciplines et les universités du monde entier, s’impose, car l’environnement est un sujet interdisciplinaire par excellence et parce que la communication des arguments et des savoirs constitue une dimension clé de l’action.

 

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5 mars 2010 5 05 /03 /mars /2010 16:52
Comme promis, voici les notes que j’avais prises en suivant en temps réel la leçon inaugurale, au Collège de France, le 4 février, pour la chaire « Développement durable , environnement, énergie et société », de Lord Nicholas STERN, spécialiste d’économie politique, ancien chef économiste de la BERD et ancien chef économiste et vice-président de la Banque Mondiale, de 2000 à 2003, auteur il y a quatre ans du fameux « Rapport STERN ».
« Gérer les changements climatiques, promouvoir la croissance, le développement et l’équité » : voilà bien un sujet qui concerne au premier chef notre génération et les générations à venir. Les conséquences des changements climatiques amorcés actuellement risquent d’être considérables, en rendant certains territoires inhabitables : émigrations massives, conflits violents… Devant ces risques, l’immobilisme est la plus pernicieuse et la plus coûteuse des solutions politiques, mais aussi la plus facile à court terme ; or, l’opportunité est offerte aujourd’hui de redéfinir le développement, à travers une croissance sobre en carbone, à l’opposé du modèle imposé, la croissance intense en carbone, qui ne peut que s’auto-détruire si elle continue. Nous en sommes globalement pour le moment à 435 ppm de CO2E (435 parties par million de dioxyde de carbone équivalent) ce qui signifie une augmentation de +150 ppm depuis le milieu du XIXe siècle (révolution industrielle fondée sur l’énergie fossile) ; c’est surtout pendant les 60 dernières années que l’accroissement des flux de carbone s’est accentué ; actuellement, nous sommes au rythme de + 2,5 ppm/an, rythme qui s’accélère, ce qui veut dire d’ici 2099, environ 750 ppm CO2E, entraînant, toujours à l’échelle planétaire, un risque à 50% d’un accroissement de température de + 5°C . C’est une élévation de température sur le globe que l’homme, depuis qu’il est apparu sur terre, n’a jamais connue. Le rapport STERN a chiffré le coût financier de l’inaction, qui sapera le processus de développement lui-même. Les deux principaux défis du XXIe siècle, la lutte contre les changements climatiques et celle contre la pauvreté mondiale, sont étroitement liés, ou nous réussirons dans les deux ou nous échouerons dans les deux.
I L’ampleur du problème et les risques
L’enjeu du changement climatique est celui du niveau de risque tolérable : jusqu’à quel point peut-on réduire le risque ? On estime qu’on peut encore contrôler les changements climatiques tant que l’augmentation mondiale de température ne dépasse pas +2°C ; au-delà, en effet, il y a probablement un effet d’emballement incontrôlable, avec accélération des changements et conséquences catastrophiques, comme la destruction de la forêt amazonienne, qui constitue un « puits de carbone » indispensable pour le cycle du carbone, ou la fonte du permafrost sibérien, qui libérerait le méthane stocké – or le méthane est un gaz à effet de serre beaucoup plus puissant que le CO2.
Il existe plusieurs scenarii, mais ce qui compte, c’est la concentration, c’est-à-dire les « émissions cumulées » ; le scénario le plus plausible pour contrôler le risque, c’est d’éviter que les concentrations ne dépassent 500 ppm, puis il faudrait réduire à 450 ppm, puis moins encore ; cela veut dire 44 milliards de tonnes émises en 2020 (contre 40 en 1990), puis moins de 30 en 2030 et moins de 20 en 2050 – soit, pour 9 milliards d’habitants que nous serons à ce moment-là sur la planète, moins de 2 tonnes par personne et par an, toujours en moyenne mondiale.
Mais ce scénario implique que le « pic » d’émissions doit être atteint dans les dix prochaines années (2010-2020), sans quoi les réductions ultérieures devront être encore bien plus drastiques, à un prix beaucoup plus important en termes économiques mais aussi en qualité de vie sur tous les plans, pour rattraper le temps ainsi perdu.
Cela veut dire très clairement que l’immobilisme politique est à la fois dangereux et coûteux. Actuellement, l’Europe « émet » 10-12 t par an et par habitant, les USA plus de 20 t/pers/an ; la Chine, déjà à : 6 t/pers/an et doit elle aussi passer à 2 t/pers/an ; or, le « pic » chinois doit lui aussi être atteint d’ici 10 à 15 ans…
Les cinq principaux émetteurs, USA, Chine, Europe, Indonésie, Brésil sont responsables actuellement de plus de 50 % des émissions planétaires, mais le problème est bien celui des flux d’émissions globales sur la planète, non des pourcentages imputables à la responsabilité de tel ou tel pays.
En effet, la question renvoie à un problème d’équité intra et inter-générationnelle ; l’utilisation des taux d’intérêt à court terme pour les décisions d’ordre climatique pose problème, comme le montrait le Rapport STERN ; les générations futures pourraient bien être moins riches que les générations actuelles, donnant ainsi une plus grande valeur à certains biens : l’utilisation des taux observés provoque donc de nombreuses erreurs d’anticipation.
Quelques mots sur les quatre positions possibles de ceux qui nient les risques et la nécessité urgente d’agir maintenant :
- soit on nie que la science affirme qu’il existe des risques : position « absurde » au regard des preuves désormais disponibles
- soit on soutient qu’on saura toujours s’adapter
- ou traiter le problème, grâce à l’ingénierie et à la technologie : positions « irresponsables » compte tenu des risques exposés
- soit on dit que le futur est un problème pour les autres, pas pour nous : position évidemment « moralement contestable ».
Au contraire, en obtenant des politiques une action rapide, si les risques s’avéraient finalement moins importants que prévu, nous aurions gagné, par l’action anticipatrice, un monde plus fort, plus propre, sécurisé dans son approvisionnement énergétique, avec des forêts protégées, une biodiversité préservée, grâce à de nouvelles technologies utiles.
Mais si nous considérons à tort que la science se trompe, nous serons dans une position très difficile et dangereuse, probablement irréversible et donc sans solution.
L’ « adaptation » est un piège, car elle risque de ne pas suffire devant les conséquences des changements climatiques. Certes, la recherche en géo-ingénierie doit continuer, mais il serait irresponsable de ne pas faire plus que de la recherche en géo-ingénierie pour réduire les risques. (suite dans le prochain article)
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27 février 2010 6 27 /02 /février /2010 09:30

Le « changement climatique », en ce moment, quel embrouillamini ! Nous sommes toujours en plein déchaînement polémique après la déception de Copenhague – pas si négatif que cela, peut-être, nous y reviendrons prochainement – et la démission d’Yvo de Boer (le « M. Climat » de l’ONU), qui ont permis aux « climatosceptiques » de reprendre du « poil de la bête ». Les médias suivent très largement le mouvement, l’opinion risque de suivre aussi, tant chacun ou presque, au « Nord », renâcle à admettre (c’est assez naturel) qu’il faudra très bientôt modifier très profondément ses habitudes et son mode de vie… 

Toutes ces divergences d’opinion, ces polémiques relancées,  amplifiées par les médias,  instillent le doute dans les esprits et  sont paralysantes, chacun se rétractant sur le quotidien immédiat et l’intérêt individuel. Pourtant,  c’est « Le Temps de l’altruisme » (titre de l’ouvrage remarquable de Philippe Kourilsky, aux éditions Odile Jacob, préfacé par Amartya SEN, qui lui-même vient de publier chez Flammarion, janvier 2010 L’Idée de Justice, génial) et c’est le temps de l’action : action issue de la conscience, elle-même issue de la perception du réel, à condition que cette perception soit large et correcte. A condition aussi que l’action soit perçue comme une nécessité logique et plus seulement comme une option éthique : là se situe le point de bascule, en deçà duquel rien ne bouge… 

Pourtant, il faut s’y mettre : la leçon inaugurale de Nicholas STERN, économiste à la London School of Economics,  au Collège de France, le 4 février dernier, pour l’ouverture de la chaire « Développement durable – environnement, énergie et société » l’a posé avec simplicité : au-delà de +2°C de réchauffement climatique, l’effet d’ « emballement » ne sera plus contrôlable, avec des effets irréversibles de modification, dans le sens  du refroidissement comme du réchauffement, à très grande échelle, notamment par la perturbation de la « circulation thermohaline », c’est-à-dire des flux dans les océans, en surface et en profondeur…

C’est là que nous avons bien besoin de cette « simplexité » que définit Alain Berthoz (Ed. O. Jacob, 2009) comme le principe simplificateur qu’utilise le cerveau, malgré la complexité des processus naturels, pour préparer l’acte et en projeter les conséquences : traiter et trier les informations ou les situations en tenant compte de l’expérience passée et en anticipant l’avenir…

Faire simple n’est jamais facile ! Mais en posant les problèmes de façon nouvelle, avec parfois certains détours et certains rapprochements inhabituels, on peut arriver à des actions plus rapides et plus efficaces. Sortir de l’hyperspécialisation, changer de point de vue, croiser les approches. Faire dialoguer sciences "dures", technologie, avec sociologie, littérature et philosophie. Ne plus s’en remettre aveuglément à des « experts », mais ouvrir les yeux et l’esprit plus largement. Sélectionner, imaginer, pour pouvoir agir au mieux : c’est le défi qui nous attend. Think global, act local, cette devise spéculative (cf un article précédent, dans les pages de l'été dernier), recyclons-la ici et maintenant : c’est tout l’esprit, modeste et ambitieux, du prochain « Festival du Développement durable »  à Soulac, début septembre (voir page ci-contre). Soyons-y nombreux !

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