archives de l'été II (suite)

D’hier, 20 juillet à « demain », 23 juillet

21 Jul 2009 - 12:19:42

La nuit dernière, nous fêtions le 40e anniversaire du premier pas humain sur la Lune, le 20 juillet 1969. Avec une émotion bien légitime, surtout peut-être pour ceux qui avaient suivi en direct l’événement à la télévision, de quarante ans plus jeunes…

                Mais au-delà des enjeux géopolitiques pas toujours pacifiques, des jeux mondiaux d’intimidation et de prestige, au-delà même de la fierté que chacun prend à son compte devant les prodigieuses réussites de l’esprit et de la recherche scientifique, le plus émouvant finalement dans cette extraordinaire « conquête » de la Lune, c’est le témoignage des trois astronautes, Aldrin, Armstrong et Collins, choisis pour cette aventure d’Apollo 11 et pour la médiatisation mondiale – puisque les autres héros de cette même aventure spatiale ont été largement ignorés, avant et après Apollo 11.

                Ils ont témoigné en effet d’une expérience intime très forte, confinant, disent-ils, à l’extase et proche d’une « révélation », devant la beauté et la fragilité de la Terre vue de « là-haut ». Ils racontent combien ils étaient bouleversés de constater qu’il suffisait de tendre le pouce pour cacher cette petite boule. Ils disent qu’ils mesurent chaque jour, depuis qu’ils sont rentrés sains et saufs, le privilège unique qui est le nôtre d’habiter la Terre, véritable jardin d’Eden, oasis au milieu d’un univers démesuré, glacé, vide et inhospitalier.

                Le risque de ne plus jamais pouvoir vivre sur Terre (ni ailleurs), ils l’ont pris en connaissance de cause, ils étaient prêts à donner leur vie pour les USA mais aussi pour la science et, dans leur esprit comme dans celui de tous ceux sur la planète, qui ont suivi, haletants, leur aventure sans précédent, pour l’ « Homme ». Mais le plus frappant, au milieu de cette gloire mondiale, c’est l’appel à l’humilité, à la gratitude et à la reconnaissance, dont ils se font les porteurs à leur retour. Et les deux sentiments ressentis pour la Terre, fragilité et gratitude, vont profondément de pair, puisque « précaire » veut dire « accordé par faveur » (precari en latin, prier, demander une faveur).

               Cette Terre qui est la nôtre, que nous avons tous la chance inouïe et la faveur insigne  d’habiter, et non pas le « droit » au sens où cela serait un dû et ne réclamerait aucune considération, ni respect ou devoir, - à nous d’intégrer dans nos actes et dans nos pensées sa vulnérabilité, de façon à en prendre soin, en saisissant toutes les occasions décisives qui se présentent de peser sur les décisions et ceux qui doivent les prendre :

ainsi, après-demain 23 juillet à 19h, à la salle des fêtes de St Vivien, pour le vote de la Communauté de Communes de la Pointe du Médoc sur le projet de terminal méthanier du Verdon : que notre présence, discrète mais pleine de sens, rappelle tout l’importance et l’enjeu du vote sur ce projet, dont les conséquences sont immenses.

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"Protéger" ou "prendre soin" de l'environnement ?

23 Jul 2009 - 11:04:55

Entre la "sanctuarisation" absolue et le massacre total, il y a place et exemples pour tous les degrés de l'usage, dans la relation de l'homme à la nature.
Entre l'interdiction de toute activité et même de toute présence humaines, d'une part, et d'autre part l'exploitation forcenée, non "soutenable" car à court terme, consciente même de "tuer la poule aux oeufs d'or", comme dans la fable de La Fontaine(1) - car il s'agit bien ici de profit rapide et d'argent - n'y a-t-il pas place et exemples pour toute la palette des traitements possibles, de la "protection" à la "gestion raisonnée", en passant par le "développement durable", ou "soutenable", et par le "soin"?
    Si certains milieux particulièrement précieux et inhabités sont ou devraient être sanctuarisés, cela ne peut être généralisé : il ne s'agit pas, sauf à tomber dans la caricature même d'une "deep ecology" dont on forcerait les traits (2), caricature aboutissant à déclarer l'homme comme espèce nuisible, engeance dont il faudrait souhaiter la disparition rapide (3), il ne saurait s'agir, donc, de défendre la nature contre l'homme, au point même de donner à celle-ci des "droits" - quand la notion même de droits présuppose des rapports entre personnes - ; en revanche, il s'agit de réfléchir à une tradition bien française, encouragée par le développement indéfini des sciences, techniques et technologies, qui depuis Descartes nous incite à nous croire "comme maîtres et possesseurs de la nature"(4), alors que d'autres civilisations restaient plus sensibles à l'interdépendance entre l'homme et la nature, de sorte qu'on y traitait la nature avec respect et même crainte, compte tenu de la divinisation de celle-ci. La piste n'est-elle pas ici ouverte pour une troisième voie entre crainte et mépris de la nature ?
La notion de "soin", qui correspond un peu au "care" américain, permet de penser une relation fondée sur la vulnérabilité de la nature, mais aussi sur la durée, incluant nos descendants, et sur l'équilibre, l'interdépendance nous renvoyant en miroir à notre propre vulnérabilité et à notre propre finitude, puissants mobiles pour une vraie solidarité.
(1) Livre V, fable  XIII
"L'avarice perd tout en voulant tout gagner.
Je ne veux, pour le témoigner,
Que celui dont la poule, à ce que dit la Fable,
Pondait tous les jours un oeuf d'or.
Il crut que dans son corps elle avait un trésor.
Il la tua, l'ouvrit, et la trouva semblable
A celles dont les oeufs ne lui rapportaient rien,
S'étant lui-même ôté le plus beau de son bien.
Belle leçon pour les gens chiches :
Pendant ces derniers temps combien en a-t-on vus
Qui du soir au matin sont pauvres devenus
Pour vouloir trop tôt être riches !
(2) voir Luc FERRY, Le Nouvel Ordre Ecologique, L'arbre, l'animal et l'homme, Grasset, 1992.
(3) Yves PACCALET, L'HUmanité disparaîtra, bon débarras, Arthaud, 2006, Prix du pamphlet 2006.
(4) Descartes, Discours de la Méthode, 1637.

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CA Y EST !!

23 Jul 2009 - 20:47:33

Ca y est, la Communauté de Communes de la Pointe du Médoc, 11 communes, a voté ce soir, à la quasiunanimité, une motion soulignant "son opposition déterminée à un terminal méthanier à Le Verdon-sur-mer, et, plus généralement à tout projet comportant des risques technologiques majeurs sur l'ensemble du territoire de la communauté de communes : nous avons applaudi longuement, avec enthousiasme, à la salle des fêtes de Saint-Vivien, cette prise de position citoyenne conforme aux attentes des électeurs !
Nous passerons une très belle soirée, confiance retrouvée en la citoyenneté, le bon sens et la responsabilité !

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Commentaire de: BOTTARO Jean [ Visiteur ] Site web

Bonjour,
Je suis tout à fait satisfait de la motion votée par la CDC Pointe du Médoc le 23/7/09, mais il faudra rester vigilant.
En effet, les élus ne se ferment pas la porte à d'autres activités industrielles, ce que j'approuve tout à fait.

Seul bémol, j'ai encore lu dans la presse ((S-O du 12/8/09), dans les déclarations de Thierry TENAU, Secrétaire adjoint de UPPT (Une Pointe pour Tous), « qu'il faudrait aussi développer le trafic de conteneurs au VERDON », et de préciser « Le Verdon a récemment perdu le projet de la plate-forme Géovia », pour soit disant 100 emplois, mais l’on a oublié de préciser que cela amènerait aussi 300 Camions de 44 tonnes par jour, à travers tout le Médoc.

C'est sur ce point précis que j'émets des réserves, car en effet, il ne faudrait pas que maintenant que UPPT, avec ses 6000 adhérents dont je fais parti même si j'habite à Castelnau de Médoc, a réussi à faire échouer le projet de 4Gaz, pour des raisons environnementale, de protection de la nature et des habitants proches, l'Association accepte tout et n'importe quoi.

Je pense en particulier qu'un Projet grandiose comme Géovia, même s'il rapporte des finances à la Pointe du Médoc, amènerait aussi des nuisances et pas des moindres, sur tout le parcours de la RD1215.
Ce qui toucherai, de façon moins spectaculaire qu’un accident d'un Port Méthanier, mais tout aussi dangereux et très sournois, bien plus d'habitants le long de la route (près de 100 Kms) et sur une période bien plus grande.

Mais c'est vrai que cela ne se verra pas vraiment, comme les millions de personnes qui décèdent tous les ans des suites d'un cancer de l'Amiante !!!

Donc merci à tous les acteurs qui se sont opposé au Port Méthanier, Elus, Associations, de bien vouloir prendre en compte cette question, de façon à ne pas faire subir aux autres ce que chacun refuse pour soit !

En sachant que s'il le faut, les habitants de la RD1215 sauraient se mobiliser, comme nous l'avons tous fait contre 4Gaz et contre le GCAB (Grand Contournement Autoroutier de Bordeaux).

Merci à tous pour votre action et votre compréhension.

Jean BOTTARO - Castelnau de Médoc

   13/08/2009 @ 23:16:10

Commentaire de: nouvel josiane [ Membre ]

Quel bon moment avons-nous passé à Saint-Vivien ! Le maire de Talais Franck Laporte a insisté sur l'engagement des communes de la CDC pour promouvoir un développement de la zone industrialo-portuaire du Verdon qui serait compatible avec les activités existantes. C'est donc une attitude très responsable de la part des élus qui ne se sont pas contentés de condamner le projet du port méthanier : ils se sont dits prêts à prendre en mains leur avenir économique. Merci à tous.

   24/07/2009 @ 23:15:27

Et maintenant...?

27 Jul 2009 - 13:22:31

Une fois apprécié à sa juste valeur le goût de ce premier résultat, significatif et clair, obtenu à force de conviction, de solidarité, au-delà des clivages politiques ou culturels, il faut rester vigilant et là, la réflexion approfondie nous permettra d'être clair et documenté. Les idées des philosophes d'aujourd'hui ou d'hier, de Jacques ELLUL à Dominique MEDA, de Georges CANGUILHEM à Karl JASPERS, de Jean-Jacques ROUSSEAU à Jean-Luc NANCY (1) ou Christian GODIN, nous aident à repenser sérieusement la notion de progrès et toutes ses conséquences ; il faut maintenant, plus que jamais, songer aux contre-propositions de développement compatibles avec le respect de notre environnement. Le maire de Talis, celui de Soulac, comme celui du Verdon, l’ont rappelé à St Vivien. Même si l’éco-tourisme est primordial, l’industrie est aussi nécessaire, à condition qu’elle soit de notre temps, sans nostalgie des années 60 ou 70, qui appartiennent à un passé révolu. Nous pouvons faire de la Pointe du Médoc une « pointe d’innovation », une « pointe de progrès » pour un développement avant tout humain. Karl JASPERS commente ainsi l’impératif catégorique chez KANT : « sache que le monde n’est pas simplement comme il est, mais que par ton action tu contribues à l’engendrer ; ce qui est véritablement, tu ne l’apprends pas par la connaissance, mais par ton action. »
A la Pointe du Médoc, le Grand Port Maritime de Bordeaux peut devenir un « exemple de pointe » en matière d'installation portuaire réellement moderne, au sens du XXIe siècle et de ses défis : il s'agit de s'inscrire dans une économie non pas seulement "peu" consommatrice d'énergie fossile et "peu" destructrice, mais véritablement dans une économie "réparatrice" : si, si, c'est possible ! Allez voir par exemple le site indépendant d'Olivier Danielo sur
www.electron-econmy.org
La logique est la suivante : les énergies renouvelables sont, comme leur nom l'indique, réellement inépuisables, elles... "Il suffit" de mettre au point toutes les innovations en matière d'extraction de ces énergies capables de fournir chaleur et électricité tout comme énergie motrice, qu'il s'agisse de la houle, des vagues, des courants sous-marins, du vent, du soleil, du bois, de la biomasse...
On peut ajouter que les "économies", les "restrictions" à imposer à des populations nées consommatrices, non seulement sont impopulaires et sans doute utopiques, mais ne feraient que retarder le changement réel, donner un délai supplémentaire, sans résoudre le problème à l'échelle où il se pose en fait, celui de la planète.
PS. Prochainement, le blog sera hébergé par over-blog.com, où le référencement sera plus facile, ainsi que l'ajout des images.
(1) voir sur over-blog : faboisset.l'autre.net un entretien sur le rôle des philosophes dans la société d'aujourd'hui et sur l'importance de l'action non remise au lendemain.

Admin · 35 vues · 1 commentaire

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Commentaire de: BOTTARO Jean [ Visiteur ] Site web

Tout à fait d'accord sur cet article, et veuillez lire mon commentaire de ce jour, suite à l'article "çà y est" du 23/7/09, sur ce même Blog.

Merci
Jean BOTTARO - Castelnau de Médoc

   13/08/2009 @ 23:31:01