A l’image de notre association, l’AG de vendredi soir, à 18h, a donné lieu tout au long à des échanges très animés, libres, réciproques, amicaux et très ouverts. A vrai dire, nous n’avons pas vu l’heure tourner et il a fallu que les services techniques de la mairie de Soulac viennent très gentiment jouer la « statue du Commandeur » pour fermer la salle municipale, vers 20h15 !
Nous avons beaucoup apprécié la participation, en l’absence du sénateur-maire Xavier Pintat, empêché, de deux représentants de la mairie, Jean-Paul Arnaud et Chantal Lescorce, et nous les en remercions à nouveau, très sincèrement, de même que pour la mise à disposition de la salle socio-culturelle. Un grand merci aussi aux deux représentants des journaux Sud-Ouest et Journal du Médoc.
Il a d’emblée été question, très franchement, du découragement qui, par moments, s’est emparé de nous – comme il s’empare, en ces temps difficiles de restrictions générales et d’attentisme, - personne n'y échappe à part une très petite minorité qui profite de ce qu'il est convenu d'appeler "la crise", - de la très grande majorité d’entre nous et en particulier de toutes les associations et de beaucoup de personnes engagées dans des projets qui vont à contre-courant du « système » installé.
Notre objet, en effet, n’est ni évident ni installé dans les mœurs, bien au contraire, puisqu’il s’agit de rien moins que de transition énergétique ! Il est tout à fait prévisible qu’il se heurte, comme quelqu’un l’a dit, « aux traditions et cultures locales » ; mais c’est ce qui, pour nous, confirme sa nécessité, aujourd’hui plus que jamais. Un retour très sévère a été développé sur l’image d’Agora : « intellos », « emmerdeurs » (sic). Nous sommes bien conscients de ces étiquettes et avons bien écouté ces critiques…
C’est la référence à Cynthia FLEURY et à La Fin du courage (voir notre article précédent) qui permet de réintégrer le découragement dans le cheminement même du courage et donc de rasséréner. Nous nous étions donné un an pour souffler, après trois festivals très importants et dont nous restons fiers, en particulier par les traces laissées à la fois sur le blog et dans les esprits, ainsi que par les liens tissés avec des personnalités remarquables. Ce temps allégé, où nous avons réduit la voilure, tout en continuant notre action (le blog bien sûr, mais aussi de multiples activités en lien avec d’autres assos, ici et ailleurs, enfin avec notre programmation propre, arrêtée à la dernière AG : débat en août sur le sable, fête du vélo en septembre et samedi prochain, film+débat Tous cobayes de Jean-Paul Jaud, un cinéaste dont nous projetons fidèlement les films à Soulac) et notre réflexion, nous permet aujourd’hui de consolider notre projet, d’affirmer nos objectifs : mettre en question nos représentations du « développement », de la « croissance » et faire émerger un projet de société plus soutenable, plus humain, avec des emplois compatibles avec la dignité de tous plutôt qu’avec l’asservissement, fût-il volontaire. D’où notre engagement, théorique et pratique, pour les déplacements doux, au premier rang desquels le train – que l’on combine aisément avec le vélo. Nous avons échangé, par exemple, à la lumière de l’actualité médiatique (le rapport INSEE sur la pollution des transports, supérieure à la moyenne nationale en Aquitaine), sur la nécessité d’alerter à nouveau pour le développement du « covoiturage » : l’association va réécrire au Maire pour une signalisation visible, comme nous l’avions réclamée en octobre 2011, d’un point de rendez-vous covoiturage. Si la tentative de l’Office de tourisme n’a pas marché, c’est à la fois par manque de visibilité et parce que d’autres leviers n’ont pas fonctionné : à savoir la dimension économique d’une part (les jeunes à petit budget en voient bien plus vite l’intérêt) et d’autre part la confiance nécessaire à ce système ; ce mot-clé reste à travailler, il est assez symptomatique d’un changement générationnel (qu’il est loin le temps des autostoppeurs !) : tisser des liens sociaux reste l’un de nos objectifs prioritaires, c’est bien pourquoi nous continuerons à relayer, comme nous l’avons toujours fait, l’action des autres associations et de leurs acteurs.
Il a aussi beaucoup été question de notre rencontre, à l’occasion de la semaine de la solidarité internationale, avec un disciple de Gandhi, Rajagopal, fondateur du mouvement populaire villageois Ekta Parishad (« forum de l’unité » en hindi), qui touche 4000 villages et des millions de personnes, et qui peut sur certains points nous inspirer. Ce qui fait depuis nos débuts l’objet d’Agora, en effet, c’est toujours le lien entre l’ici et l’ailleurs, « penser global, agir local » comme le disait Jacques Ellul (voir nos archives, un des tout premiers articles, en 2009). Ce qui se passe ou ce qui nous arrive à la Pointe du Médoc ou en Aquitaine est en interdépendance avec les questions mondiales et planétaires ; on l’a bien vu avec le « funeste » projet de terminal méthanier à la Pointe du Verdon ou, en sens inverse, avec la catastrophe de Fukushima qui continue d’avoir des répercussions sur tous les océans et poissons, mais aussi sur les politiques énergétiques de pas mal de pays, jusqu’à impacter Braud-Saint-Louis, la centrale la plus proche…
Rajagopal a défini la non-violence, dont nous partageons bien entendu les principes, par ses trois dimensions concomitantes : le conflit (qu’on ne peut nier et qui est omniprésent lorsque les droits sont déniés aux personnes) ; le dialogue (indispensable pour anticiper l’après-conflit et qui signifie que l’adversaire n’est jamais un ennemi, mais plutôt un « bientôt frère » qui l’ignore !) ; enfin l’action constructive (qui montre déjà la voie et la viabilité du changement réclamé).
Il a également précisé les quatre forces (intérieures, c’est-à-dire inaliénables) sur lesquelles s’appuie l’action non-violente d’Ekta Parishad :
La force de la pauvreté (14 millions de SDF dans l’Inde contemporaine), la force de la jeunesse, la force de l’éducation et la force de la non-violence, qui est au fond appel à la conscience de l’autre.
Affiliée à la Ligue de l’enseignement et très proche par ses activités (conférences, débats, rencontres scolaires ou extrascolaires, expositions, articles) de l’éducation, Agora Soulac Energie essaie d'apporter sa contribution à l’émancipation des esprits et à la liberté que vise ou devrait viser l’éducation dans tous les pays démocratiques. C’est bien l’éveil des consciences et la dignité qui sont visés et la vulgarisation, au sens noble, de la philosophie représente donc pour nous un levier crucial. Nous sommes déjà intervenus auprès des jeunes, voire très jeunes publics en ce sens et nous comptons renforcer nos propositions en ce sens cette année. Nous réfléchirons en particulier à l’écho que pourrait donner le centenaire de 1914, avec la comparaison des conditions de vie et de consommation sur ce siècle. Nous allons également renforcer les liens avec des centres de loisirs accueillant des jeunes.
Pour le reste des perspectives, conformément à l’ordre du jour, l’opportunité d’entreprendre un nouveau festival a été débattue : finalement le consensus s’est dégagé, à cause de la visibilité médiatique que nous donne cette manifestation, pour un festival 2014 sur au moins « une grosse journée », plutôt fin août ; la date précise sera négociée avec la mairie et la CDC, l’office de tourisme de Soulac et les autres associations.
Nous allons également questionner, dans le cadre de la campagne électorale pour les municipales, les candidats locaux et régionaux sur leurs prises de position concernant nos centres d’intérêt : déplacements doux et TER (pont !), activités économiques soutenables et emplois non délocalisables, sobriété et efficacité énergétiques, gestion des ressources comme l’eau, déchets, participation citoyenne à toutes ces questions, etc.
En somme, beaucoup de réflexion, mais aussi du concret !
Dans l'immédiat, n'oubliez pas notre prochain rendez-vous : cinéma Océanic de Soulac, samedi prochain 30 novembre 18h pour Tous Cobayes de JP Jaud, suivi d'un débat !